Bâtiment « Logettes creuses et robots pour le confort des vaches et des hommes »
Bâtiments. Avec l’accroissement de la production, les associés ont choisi d’investir par paliers dans l’extension de la stabulation, puis la robotisation des tâches d’astreinte.
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D epuis 2012, date de l’installation de Fabien en association avec sa belle-mère Isabelle, la production laitière au Gaec du Pommeray, dans la Sarthe, est passée de 630 000 litres de lait à 1,04 Ml collectés en filière non OGM. Cette augmentation s’est faite par paliers, au rythme des attributions de volumes et des rachats de parts sociales. Parallèlement, les associés ont choisi d’investir, également par étapes, en adaptant les bâtiments existants plutôt qu’en misant sur une nouvelle installation ex nihilo, pour des raisons de coûts évidentes. Dans une stabulation de 70 logettes sur béton raclé construite en 2000 et équipée d’un premier robot de traite Lely dès 2008, un second robot de traite a d’abord été installé en 2013 ; puis, en 2015, une extension de la stabulation est conçue, soit 36 places supplémentaires pour les laitières ; en 2019, les deux associés acquièrent le robot d’alimentation Lely Vector à la suite du départ d’un salarié.
« Les génisses s’adaptent plus facilement »
Concernant l’extension de la stabulation, Isabelle et Fabien ont donc opté pour 36 places en logettes creuses, équipées de tubulaires souples, sur béton raclé. Avec la couverture de la fumière, cela a représenté un investissement de 160 000 €, pour lequel les éleveurs ont bénéficié de 25 % de subventions via un dossier PCAE. Concrètement, le cadre des logettes creuses est fait de bastaings en bois biseautés vers l’intérieur et l’extérieur, afin d’éviter les bordures saillantes potentiellement blessantes. Dans ce cadre, une première couche de litière de 20 à 30 cm a été appliquée directement sur le sol (à proscrire s’il y a un risque de remontée d’une source). Elle se compose d’un mélange de 30 kg de paille par place (14 %), 120 kg de chaux (57 %) et 60 litres d’eau (29 %), damé au rouleau vibrant. Sur cette couche de fond mise en place pour cinq ans, le principe de fonctionnement repose sur la distribution au godet mélangeur d’une couche d’entretien beaucoup moins mouillée : 33 % de paille hachée + 57 % de chaux + 10 % d’eau, soit l’équivalent de 3 kg/logette tous les dix à quinze jours en hiver. Le hachage de la paille en brins de 2-3 cm par le broyeur de la Cuma (20 €/t) assure l’homogénéité du mélange et évite que les vaches n’enlèvent trop de litière de la logette à chaque lever. La chaux absorbe l’humidité, son pH basique joue un rôle assainissant, antibactérien et neutralise les odeurs d’ammoniac. « Elle contribue aussi à la fumure de fond, souligne Fabien. Associées aux tubulaires flexibles, les logettes creuses offrent plus de souplesse de couchage. Comparé aux logettes classiques, j’observe un meilleur taux d’occupation. Les génisses, notamment, semblent s’y adapter plus facilement. »
« Le fumier mou implique une gestion en système lisier »
Le confort amène à réfléchir pour passer à terme à 100 % de logettes creuses. Mais ce mode de couchage présente ici deux contraintes. « En l’absence de mécanisation des tâches d’entretien, les logettes creuses représentent un travail plus physique », explique l’éleveur : ébousage au râteau deux fois par jour et régalage une fois par jour. Dans les trois élevages sarthois ainsi équipés, l’astreinte relevée par la chambre d’agriculture va de quarante à quatre-vingts minutes par jour pour 100 vaches (préparation, distribution de la litière et entretien des logettes). « Le fumier mou issu des logettes creuses est une autre limite du système. La conversion de la stabulation impliquerait une gestion des effluents en système lisier. »
Dans les autres logettes équipées de tapis, l’apport quotidien de 5 kg de paille permet d’obtenir un fumier assez compact qui se tient dans la fumière.
Avec cette extension, la stabulation comprend désormais deux couloirs d’alimentation. La distribution de la ration des 128 laitières comme celle des génisses, so it un total de 190 animaux/jour, y est assurée par le Lely Vector. L’option du robot sur roue (par rapport au robot sur rail) est mieux adaptée à des bâtiments morcelés. Cette particularité a conduit à installer une cuisine indépendante, placée entre les lieux de distribution et les silos. Plus de 200 mètres de chemins d’accès extérieurs en enrobé permettent au robot d’effectuer jusqu’à 22 passages par jour sur les tables d’alimentation, dont 12 pour les vaches laitières. « Grâce à des capteurs, le robot évalue la quantité d’aliments restant à l’auge et ajuste les apports. Ainsi la majorité des passages se fait à vide, juste pour repousser la ration. Au minimum, les laitières ont quatre distributions par jour. »
« Se libérer du travail d’astreinte sans pénaliser le troupeau »
Le montant de l’investissement, incluant une part importante d’autoconstruction, s’élève à 200 000 € (robot + cuisine + couloirs en béton extérieurs). Les simulations réalisées par la chambre régionale d’agriculture (infographie page précédente) indiquent que ce type d’équipement est plus coûteux que les solutions les plus répandues (désileuses tractées, automotrices en Cuma…), mais permet de réduire le temps et la pénibilité du travail. « Comptetenu de la difficulté à trouver un salarié, il n’y aurait peut-être plus de lait sur la ferme sans la robotisation, rappelle Isabelle. Elle permet à une personne seule d’assumer toutes les tâches du week-end, mais aussi de faire face aux pointes de travail liées à l’atelier volailles et aux travaux de plaine. Elle contribue ainsi à diversifier les sources de revenu, comme le développement de la culture de pommes de terre de consommation, sans pénaliser le suivi du troupeau. »
La diminution du temps de travail observée par la chambre d’agriculture après automatisation est d’une heure sept minutes par jour en moyenne (- 55 %) : - 52 % par rapport au bol mélangeur, - 29 % par rapport à l’automotrice en propriété. En revanche, l’automate se révèle plus chronophage que l’automotrice en Cuma (+ 19 % hors main-d’œuvre salariée), mais il permet de gérer plus finement l’alimentation de lots spécifiques tout en multipliant la fréquence de distribution. De nombreuses études menées dans différents pays en conditions contrôlées indiquent en effet qu’au-delà de 5 distributions par jour, l’ingestion augmente de l’ordre de 2 à 4 %. L’augmentation de l’énergie ingérée contribuerait ainsi à l’amélioration du TP de 0,5 point. Mais les écarts de production standard (4 % de MG) sont faibles et non significatifs dans la majorité des essais.
Jérôme PezonPour accéder à l'ensembles nos offres :